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Jésus est toujours mon Sauveur

Alan Parker

« Je ne pense pas que tu puisses te débarrasser de ça. » Laissant ces mots en suspens, j’observe attentivement l’élève pour voir comment il va réagir. Son visage exprime de l’incrédulité. « Vous êtes en train de dire que je suis nul là-dessus ? » Je marque une nouvelle pause et choisi mes mots avec soin.

« Tout seul, tu ne peux pas t’arrêter. Tu n’en auras pas la force. Mais il n’y a pas lieu de désespérer. » Sur ces paroles, je me tourne vers mon étagère et sort un exemplaire usé de Vers Jésus d’Ellen White, et l’ouvre à la page 26. « Il nous est impossible, par nous-mêmes, de nous arracher à l’abîme de péché dans lequel nous sommes plongés. Nos coeurs sont mauvais, et nous sommes incapables de les changer. »

Dire à quelqu’un qu’il ne peut pas changer peut, à prime abord, paraître étrange. De nombreuses personnes veulent des conseils, une pilule, une stratégie. Ces approches ont sans doute une certaine valeur. Mais qu’en est-il si le problème, à la base, est le péché ? Quelque chose qu’ils ne peuvent pas changer ? La solution exige alors quelque chose de plus radical et de plus profond. Elle exige un sauveur.

MAUVAISE NOUVELLE, BONNE NOUVELLE

L’épître aux Romains est l’un de mes livres bibliques préférés. C’est l’explication la plus convaincante de l’Évangile que j’ai trouvée. Mais il est surprenant de voir la façon dont Paul commence son argumentation sur l’Évangile. Ses trois premiers chapitres culminent au chapitre 3, verset 23 : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ».

Tel est le point de départ de Paul. Nous sommes des pécheurs. Nous vivons dans la vulnérabilité, éloignés de Dieu, des autres, et de nous-mêmes. Il nous est difficile d’accepter que le vrai problème, c’est le péché. Mais le fait de connaître notre état nous permet de recevoir le bon traitement. Si ma jambe était cassée, je ne m’attendrais pas à ce que le médecin me dise d’essayer de marcher quand même. Non, la mauvaise nouvelle de ma jambe cassée me prépare à une meilleure nouvelle : il y a un chirurgien qui peut remettre les os en place et me mettre sur la voie de la guérison.

Dans leur livre pénétrant intitulé How People Change, Timothy Lane et Paul Tripp font le com­mentaire suivant : « Ce n’est que lorsque qu’on accepte la mauvaise nouvelle de l’Évangile que la bonne nouvelle prend tout son sens. La grâce, la restauration, la réconciliation, le pardon, la miséricorde, la patience, la puissance, la guérison et l’espérance de l’Évangile sont destinés aux pécheurs. Ils n’ont de sens pour soi que si on admet qu’on est atteint de la maladie et qu’on se rend compte qu’elle est en phase terminale1. »

LES MAUVAISES APPROCHES DU PÉCHÉ

Une fois qu’on a compris que le vrai problème, c’est le péché, on doit accepter la solution de Dieu. Malheureusement, même les chrétiens abordent le péché de manières inappropriées. La première approche erronée du péché est celle de l’apathie. Elle découle d’une vision sentimentale de Dieu, laquelle considère qu’il dispense gratuitement son pardon sans exiger de changement radical ou d’obéissance. Dietrich Bonhoeffer, auteur de l’ouvrage Le prix de la grâce, appelait ça « la grâce à bon marché ». C’est une « grâce » que nous nous offrons nous-mêmes et, par conséquent, une grâce sans Jésus2.

Un individu qui ne ressent pas le besoin de changer ne changera pas. Il ne connaîtra pas la victoire parce qu’il n’a pas l’impression qu’elle est nécessaire ou même qu’il peut l’obtenir. Il s’agit là d’une vision erronée de l’Évangile, car une telle vision considère que Dieu s’occupe du péché sans avoir à changer le pécheur.

Une autre approche erronée du péché, c’est la honte. Elle repose sur l’idée que nous devrions avoir honte de ce que nous avons fait lorsque nous nous sommes trompés. Plus nous avons honte, plus nous sommes « repentants ». La honte est diffé­rente de la culpabilité car, alors que la culpabilité nous pousse vers le Sauveur, la honte, elle, nous éloigne de Dieu et nous pousse vers nos propres sentiments. Dans le jardin d’Éden, Adam, bourrelé de honte et non de culpabilité, s’est caché de Dieu.

La honte est une approche particu­lièrement inefficace au péché parce qu’elle est une forme d’auto-expiation. « Si j’arrive à me sentir suffisamment honteux, ça va effacer mon péché d’une manière ou d’une autre. » Nous sommes donc plus enclins à pécher parce que nous pouvons nous en occu­per grâce à nos mauvais sentiments. « Si je me trompe, je me sentirai mal après coup, ce qui me permettra de reprendre ma vie en main. »

Une dernière approche erronée du péché consiste à utiliser des stratégies qui tentent de contrôler ou de gérer nos comportements… ce qui est aussi totalement inefficace. Le comportement est simplement le fruit d’une racine plus profonde. Mettre des filtres sur un ordinateur ne changera pas le désir de regarder de la porno. Une personne détermi­née finira bien par trouver un moyen de contourner les filtres. Le vrai problème, c’est le coeur et ses désirs (Jc 1.14-15). Si nous ne changeons pas nos désirs, les comportements, à coup sûr, se reproduiront.

Alors, comment changer le coeur ? Le livre Vers Jésus décrit à la fois le problème et la solution. « Vous ne pouvez faire propitiation pour vos péchés passés, vous ne pouvez changer votre coeur et le sanctifier. Mais Dieu promet de faire tout cela pour vous par Jésus-Christ3. » Cela nous ramène à l’Évangile dans l’épître aux Romains.

LA SOLUTION, C’EST LA GRÂCE

Après nous avoir dit que nous souffrons tous des terribles effets du péché, Paul identifie la solution. Nous sommes « gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemp­tion qui est en Jésus-Christ » (Rm 3.24). La solution au problème du péché, c’est un sauveur !

Il y a trois expressions clés dans ce verset. La première, c’est « gratuitement justifiés ». Elle évoque l’image d’un individu se tenant devant un juge qui le déclare « non coupable ». Ce verdict vient spontanément de Dieu qui, au lieu de condamner le pécheur à juste titre, le libère. Mais comment un être cou­pable peut-il être déclaré innocent ?

La réponse se trouve dans l’ex­pression suivante : « par sa grâce ». La grâce fait référence à la faveur que Dieu accorde à des gens qui ne la méritent pas. Puisque notre péché est en fin de compte dirigé contre Dieu, celui-ci est le seul à pouvoir le pardonner. Bien que nous soyons coupables, Dieu nous offre gratuite­ment son pardon. Une grâce à bon marché ? Vraiment pas !

Billy Graham en donne une illus­tration. Un jour, un policier l’a pris en flagrant délit d’excès de vitesse. Billy s’est rendu au tribunal. Le juge l’a déclaré coupable et lui a infligé une amende de 10 dollars, soit 1 dollar pour chaque mille de dépassement de la vitesse autorisée. Il fallait donc payer cette amende. Mais ayant reconnu le célèbre évangéliste, le juge a sorti 10 $ de son portefeuille, a payé l’amende, et a invité Billy à dîner4 ! La grâce était gratuite, oui, mais il fallait tout de même que quelqu’un la paye.

La dernière expression de ce verset explique que la grâce se produit « par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ ». La rédemption est liée à la liberté achetée à un grand prix. Si une personne était réduite en esclavage à cause d’une dette, elle pouvait être libérée par une rançon, c’est-à-dire par quelqu’un qui s’acquittait de ses obligations. Jésus a payé cette dette pour nous.

Comment cela peut-il aider une personne qui lutte contre des compor­tements addictifs ? Au lieu de nous focaliser sur le péché, nous devons nous focaliser sur le Sauveur. Jésus a déjà payé le prix. Il a déjà acheté notre liberté. Nous devons vivre à la lumière de cette réalité. C’est alors que la liberté déjà achetée deviendra nôtre.

LA JUSTIFICATION PAR LA FOI

Cela nous amène à un dernier point concernant la solution de Dieu. Le changement passe par la foi. La foi non pas en nous-même, mais en notre sauveur. La foi n’est pas seulement une croyance, mais un choix. C’est faire confiance à Dieu et lui confier sa vie.

« Jésus change votre coeur ; il y habite par la foi. Ces rapports avec Jésus par la foi et cette reddition constante de votre volonté à la sienne, il faut les maintenir. Tant que vous le ferez, il produira en vous “le vouloir et le faire, selon son bon plaisir”5. »

La justification par la foi est la manière dont Dieu nous change. Nous ne dépendons pas d’une grâce bon marché qui supprime l’exi­gence d’obéissance. Nous ne nous faisons pas honte à nous-mêmes ou nous n’utilisons pas de stratégies pour changer les choses. Nous nous tournons vers Jésus. Nous regar­dons à Jésus. Nous plaçons notre confiance en lui et choisissons le chemin de l’abandon plutôt que celui de la suffisance.

JÉSUS EST TOUJOURS MON SAUVEUR

Qu’est-il arrivé à cet étudiant qui luttait contre un péché qui le rendait dépendant ? Il a renoncé à essayer de régler le problème par lui-même. Ce jour-là, il a remis sa vie à Jésus. Il n’y a pas eu de solution miracle, mais plus il se tournait vers Jésus, plus son coeur était changé. Au lieu de se fier à ses sentiments, il a mis sa confiance en son sauveur. Et à mesure que son coeur changeait, ses désirs ont changé aussi. Il est tombé amou­reux de Jésus. Il a appris, quoi qu’il arrive, que « Jésus est toujours mon Sauveur ». Et Dieu soit loué, il a mis l’ennemi K.-O. !

Alan Parker est professeur à l’Université adventiste Southern, où il est aussi directeur de l’Institut d’évangélisation Pierson.

1 Timothy S. Lane et Paul David Tripp. How People Change, Greensboro, NC, New Growth Press, 2008, p. 16

2 Dietrich Bonhoeffer, The Cost of Discipleship. Revised éd., New York, Macmillan Publishing Company, 1963 ; publié d’abord en 1937.

3 Ellen G. White, Vers Jésus, p. 78.

4 Progress Magazine, 14 décembre 1992.

5 Ellen G. White, Vers Jésus, p. 96.

PARKER, Alan. Jésus est toujours mon Sauveur. Adventist World 05/2024, pp 10-13.

https://www.adventistworld.org/mai-2024/

 

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