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Seul, Mais Pas Déprimé

Mar Benedicto Elizondo Smith

La solitude peut être un stimulant pour se rapprocher de Dieu, pour grandir émotionnellement et spirituellement, et pour évoluer selon le plan de Dieu pour notre vie.

Les êtres humains ont la capacité de s’adapter à de nouvelles situations. Malheureusement, la complexité de la société moderne met à rude épreuve cette capacité d’adaptation. Les préoccupations liées à l’environnement, à la politique ou à la sécurité, ainsi que les facteurs de stress découlant des dynamiques sociales, culturelles, spirituelles et de santé publique, entre autres facteurs, peuvent faire en sorte qu’il est difficile de parvenir à une santé mentale stable. Lorsque ces préoccupations ne sont pas maîtrisées, on peut succomber à un état sensible de vulnérabilité, voire de débilité. Ainsi, les situations quotidiennes peuvent faire passer un individu d’un sentiment de solitude positif à un état de solitude négatif et dépressif.

Il est plus facile de faire face aux défis de la vie lorsqu’on fait partie d’un groupe de soutien. Ceci dit, certains se retrouvent seuls pour diverses raisons, temporaires ou situationnelles. Mais de telles circonstances ne doivent pas engendrer des sentiments douloureux de solitude ! Il faut savoir comment tirer le meilleur parti de ces situations et de ces moments. Une telle connaissance fournira éventuellement d’importantes occasions d’introspection et d’auto-analyse, lesquelles aboutiront probablement à une croissance personnelle.

Le fait d’être seul peut offrir un espace et un temps précieux pour la réflexion personnelle, laquelle pourrait être difficile à obtenir dans d’autres environnements. Une évaluation des actions et des objectifs atteints, ou encore à atteindre, peut mener à la reformulation de nouveaux objectifs et à des moyens de les atteindre. Pour ceux qui peuvent profiter d’un espace physique isolé dans une atmosphère de paix et de confort, une telle expérience devient un lieu agréable pour la réflexion et un exercice profitable qui améliore le développement personnel.

Être seul, ce n’est pas forcément être isolé ! Il faut parfois trouver des moyens de passer du temps avec des gens qui partagent nos intérêts. À d’autres moments, la solitude peut offrir un espace pour explorer le fondement de nos humeurs sans avoir d’effets négatifs sur nous-mêmes ou sur les autres.

Être seul, ce n’est pas une condamnation à vie irréversible ! En nous focalisant sur les aspects positifs de la solitude, nous pouvons arriver à changer la situation. Si nous restons dynamiques dans nos pensées et nos actes, cela engendrera une humeur positive, laquelle nous permettra d’explorer les forces, les faiblesses, les menaces et les occasions présentes dans divers contextes familiaux, professionnels, religieux et communautaires, et nous donnera le courage d’accepter notre situation ou de tenter de la changer.

L’humeur n’est pas une destination « finale » où l’on est condamné à rester en permanence ! Elle ressemble davantage à une gare ferroviaire d’où l’on peut embarquer pour d’autres gares qui mènent à différentes destinations. La gare n’est pas la destination, mais plutôt la plateforme qui assure l’orientation et la continuité du parcours de la vie. En appliquant ce concept à la solitude, on peut adopter une vision positive de celleci, tout en formulant de nouvelles attentes en matière d’enrichissement personnel ou de bénéfice pour autrui.

Chez certaines personnes, le sentiment de solitude peut conduire à la dépression. Cependant, solitude et dépression ne sont pas la même chose ! S’il existe toute une gamme de troubles dépressifs, en revanche, la solitude et la dépression ont une caractéristique commune définie comme suit : « Présence d’une humeur triste, vide ou irritable, accompagnée de changements connexes affectant considérablement la fonctionnalité de l’individu »1. Il y a aussi d’autres symptômes tels que l’aplatissement affectif et l’anhédonie dans les activités de la vie quotidienne. Les troubles dépressifs limitent la capacité d’une personne d’avancer dans la vie de manière productive.

Du point de vue de la santé mentale, la solitude devient nocive, toxique et psychopathologique lorsqu’elle cause du tort à soi-même ou à d’autres personnes.2 La solitude toxique peut conduire à perdre son sang-froid, à devenir une nuisance pour les autres, et mener à des troubles dépressifs majeurs ou persistants. Parfois, la personne souffrant de solitude toxique a besoin d’une aide professionnelle pour retrouver un sentiment d’optimisme et d’espoir en l’avenir.

Une structure de vie qui maintient une personne dans la contrainte et l’incapacité est considérée comme une dépression. Elle peut conduire un individu à souffrir d’un aplatissement affectif à long terme et de sentiments de désespoir. Les troubles dépressifs l’empêchent de connaître les joies de la vie, ou de célébrer même les petites réalisations. La dépression déforme les émotions, altère la prise alimentaire et les cycles de sommeil, et l’amène à se sentir triste, désespéré et découragé la plupart du temps. Elle entraîne un sentiment de dévalorisation et l’incapacité de penser en termes positifs. Mais nul n’est tenu de succomber aux ravages de la dépression, car il y a de l’espoir !

La solitude peut être l’occasion de créer des horaires et des espaces pour s’exercer à la méditation. Lorsque considérée de manière positive, la solitude peut nous inciter à nous rapprocher de Dieu et à répondre à son appel à agir dans notre sphère d’influence. Elle nous permet de profiter de la paix – un fruit du Saint-Esprit. Or, la paix ne jaillit que d’une seule source : Dieu. Ainsi, en adoptant une attitude positive à l’égard de la solitude, nous pouvons renforcer notre foi en Dieu.

Approches de la Solitude Fondées sur les Écritures

Les Écritures contiennent de précieux conseils sur l’expérience de la solitude, sur la manière d’y faire face, et sur les raisons d’espérer. Voici 10 de ces passages:

  1. Quand vous êtes seul, acceptez-le, car la solitude ne veut pas dire que l’Esprit de Dieu est absent de votre vie.L’Esprit de Dieu est omniprésent ! Par conséquent, il n’y a aucun endroit dans l’univers où Dieu est absent. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, car n’êtes jamais totalement seul. « Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira3. » (Ps 139.7-10) Ainsi, Dieu est proche – même s’il est invisible. Cette vérité fondamentale nous rend capable d’accepter la solitude.
  2. Souvenez-vous que Dieu est toujours là pour vous, même lorsque vous vous sentez seul.Les personnes qui ont une grande place dans votre vie peuvent être géographiquement éloignées. Les circonstances de la vie peuvent empêcher l’amour et le soutien d’arriver comme prévu, par exemple de la part de parents ou d’autres êtres chers. Dieu est non seulement omniprésent, mais aussi toujours là pour vous. Le roi David a écrit : « Même si mon père et ma mère viennent à m’abandonner, l’Éternel m’accueillera. » (Ps 27.10, S21).
  3. Prenez la résolution de vous ouvrir à la guérison.Même dans nos pires moments de confusion, de douleur, ou de profond chagrin, nos émotions et nos cœurs peuvent trouver un espace de guérison lorsque nous confions nos fardeaux au Seigneur. « L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » (Ps 34.19).
  4. Profitez des moments où vous êtes seul pour explorer la mission que Dieu a pour vous.Où que vous soyez, il y a une mission à accomplir. Notre potentiel créatif est considérablement activé lorsque nous n’avons pas de distractions. Regardez autour de vous, et explorez ce que Dieu pourrait vous demander de faire en tant que disciple et dans le discipulat. Dans Matthieu 28.20 (le mandat évangélique), Jésus nous appelle en ces termes : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, […] et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
  5. Malgré votre solitude, sentez le réconfort divin.Partout et à chaque instant, le Saint-Esprit est là pour vous réconforter et vous révéler comment Dieu agit dans notre vie afin que nous puissions bénéficier de son réconfort. Nous ne sommes pas laissés orphelins : « Je viendrai à vous » (Jn 14.18).
  6. Lorsque vous êtes seul, sachez que vous avez le pouvoir d’aller de l’avant.De plus, lorsque nous traversons des circonstances difficiles telles que la séparation, la maladie ou la mort, Dieu ne se contente pas de nous réconforter dans l’obscurité ; il nous aide aussi à nous rétablir et à aller de l’avant une fois l’épreuve surmontée. « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent. » (Ps 23.4) Continuez donc à marcher !
  7. Acceptez la solitude comme faisant partie du calendrier de la vie sans pour autant vous sentir délaissé.Dieu nous a créés dans un but précis. Dans notre vie, ce but est atteint selon le timing divin, lequel ne coïncide que rarement avec le nôtre. Dieu nous donne les encouragements dont nous avons besoin pour accomplir nos tâches quotidiennes. Plus nous passons de temps avec lui, plus nous nous sentons encouragés. Dans Deutéronome 31.8, Moïse a fait cette promesse à Israël : « L’Éternel marchera lui-même devant toi, il sera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne t’abandonnera point ; ne crains point, et ne t’effraie point. » Dans cette promesse, nous pouvons aussi trouver un réconfort aujourd’hui, même lorsque le calendrier divin diffère du nôtre, ou que nous avons l’impression qu’il nous a oubliés.
  8. Soyez fort et courageux malgré votre solitude.Parfois, des défis importants peuvent nous intimider. Si nous les fuyons, nous perdrons les bénéfices que nous aurions pu obtenir autrement. Au lieu de reculer devant une occasion, envisagez plutôt de la saisir ! Appliquez la promesse suivante : « Fortifietoi et prends courage […] Ne t’effraie point et ne t’épouvante point, car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi dans tout ce que tu entreprendras. » (Jos 1.9)
  9. Faites de la solitude une occasion de reposer votre âme.Lorsque nous sommes épuisés, nous nous retirons tout naturellement pour refaire nos forces. Le repos nous rend plus forts et nous rend aptes à surmonter les difficultés. Nous nous sentons revitalisés, restaurés, et libérés d’un lourd fardeau. Par ailleurs, Christ a promis de nous donner du repos lorsque nous nous sentons accablés. Le plus grand soulagement de tous est le pardon du péché qu’il accorde généreusement : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Mt 11.28) Quelle promesse, et quelle assurance !
  10. Rappelez-vous que même lorsque vous êtes tout seul, vous pouvez demander au Seigneur sa présence en vous.Qu’est-ce qui vous empêche de permettre à Jésus de faire partie de votre vie – bref, de prendre le contrôle de votre vie ? Il vous suffit d’ouvrir la porte de votre cœur pour que la paix de Dieu l’inonde. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3.20).

DISCERNER DE NOUVELLES POSSIBILITÉS

Solitude et dépression ne vont pas forcément de pair ! Si nous préparons notre esprit à s’adapter à de nouvelles perspectives, nos attitudes en seront positivement affectées. Des raisons cognitives, psychologiques, physiques ou socioculturelles peuvent nous avoir amenés à considérer la solitude comme une anomalie ou un état négatif. Mais nous pouvons tous atteindre nos objectifs, peu importe ce à quoi notre solitude est imputable. Dans la solitude, la voix de Dieu devient soudain audible. Jésus a connu plusieurs périodes d’isolement. Ces périodes étaient très significatives pour lui, car elles lui permettaient de se fortifier par la communion avec son Père.

Lorsque nous sommes seuls, nous pouvons discerner de nouvelles possibilités de renforcer la dimension spirituelle de notre vie. Pour cela, nous ne devons pas percevoir la solitude comme une condition inévitablement limitative ou défavorable. Au contraire, la solitude peut fournir un environnement qui nous permet de grandir.

Il nous incombe de préparer le terrain pour nos actes et de projeter des images mentales positives qui contribueront à une vie fructueuse. À cet égard, la nécessité d’être proactifs et vigilants est d’autant plus cruciale lorsque les jeunes sont loin de la zone de confort que procuraient la famille et les amis lors des premières étapes de leur vie. L’état de solitude, qu’il soit transitoire ou permanent, peut être l’occasion 1) d’évaluer les indicateurs de sécurité de notre environnement, afin d’identifier les espaces où nous éprouvons un sentiment de protection physique, mentale, sociale et spirituelle ; et 2) de trouver un temps de réflexion qui contribue à notre stabilité émotionnelle. Le fait d’être seul peut apporter de la clarté et nous aider à nous ajuster et à nous adapter à de nouvelles conditions de vie. Bien que nous soyons seuls, favorisons notre bien-être mental et physique en cherchant des occasions d’établir des relations et de forger des liens avec d’autres personnes – par exemple en allant à l’église même lorsque nous sommes dans une nouvelle communauté où nous ne connaissons personne.

Il est possible de vivre dans la solitude sans tomber en dépression – à condition de prendre soin de l’intégralité de notre bien-être mental, psychologique, physique, socioculturel, et spirituel.

Mar Benedicto Elizondo Smith Titulaire d’un doctorat en éducation inclusive de l’université autonome de Basse Californie, au Mexique, est directeur du centre de recherche en Psychologie de la faculté de Psychologie de l’université de Montemorelos, au Mexique.

Citation recommandée

Mar Benedicto Elizondo Smith, « SEUL, MAIS PAS DÉPRIMÉ », Dialogue 35 (2023/1), p. 5-8

Notes et Références

1 American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition, Text Revision(DSM-5-TR), Washington, D.C., American Psychiatric Association, 2022, p. 177.

2 Irwin G. Sarason et Barbara R. Sarason, éds., Abnormal Psychology: The Problem of Maladaptive Behavior, Saddle River, N.J., Pearson Prentice Hall, 2006

3 Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond1910.

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